Petit retour en arrière. Le loi du 30 juin 1975 a permis de sortir l’hébergement pour personnes âgées du seul secteur hospitalier et de créer un secteur médico-social distinct. La réforme de 1999 de cette loi a permis, quant à elle, de transformer le modèle de la maison de retraite des années 80-90 en un Ehpad (Établissement d’hébergement pour Personnes Âgées et Dépendantes) standardisé de qualité.
N’est-il pas temps, aujourd’hui, 20 après, d’entamer une troisième révolution, celle qui préfigurera l’Ehpad de 2030, celui du “super mamieboom” des années 2030-2040 ? C’est la réflexion derrière la dernière étude Matières Grises (mai 2021), le think tank des sujets liés au vieillissement.
Avec la crise du Covid-19, il semble y avoir un consensus entre les différents acteurs et toute la société sur une mutation essentielle du modèle de ces établissements. Les personnes placées en Ehpad sont de plus en plus âgées et de plus en plus dépendantes. À la quête du “mieux vieillir”, du bien-être et de la sécurité des résidents mais aussi de meilleures conditions de travail pour les professionnels, les outils numériques sont des leviers à envisager sérieusement.
1. Améliorer le quotidien des personnes âgées en Ehpad
La durée moyenne de séjour en Ehpad est aujourd’hui de 2 ans et 5 mois et 25% des résidents y vivent au moins 4 ans et 4 mois. L’Ehpad de demain devra accueillir des personnes souhaitant vivre la fin de leur vie dans les meilleures conditions. Ainsi, l’Ehpad est un lieu de vie, leur nouveau domicile. Il est donc important de rendre les soins le plus discrets possible pour sortir l’Ehpad d’un environnement hospitalier et austère.
Le think tank Matières Grises a cette formule : “Demain, l’Ehpad sera un lieu de vie avant d’être un lieu de soin. Mais il sera aussi un lieu de vie avant d’être un lieu de travail.” Cela signifie que les professionnels seront avant tout au service de chaque personne.
Souvent remettre l’humain au centre peut être facilité par les outils digitaux. Il peut s’agir de stimulation cognitive grâce à des activités numériques ou des interactions sociales entre les résidents pour les plus autonomes d’entre eux. Dans ce sens, il serait intéressant aussi de mettre en place des thérapies digitales innovantes en compléments des traitements classiques pour anticiper tout syndrome de glissement et retarder certaines pathologies.
2. Revaloriser la place des proches au sein de l’Ehpad
Il est de moins en moins accepté de contraindre les familles lors de leurs visites, surtout après les mesures fortes prises pendant le confinement. Les familles devront être libres de rendre visite à leurs parents comme si elles se rendaient à leur domicile.
Pour ce faire, on peut imaginer un digicode à l’entrée de l’établissement, une plateforme en ligne pour gérer les visites, un système de visioconférence pour garder le lien entre les visites. L’idée est d’encourager et de faciliter le lien entre les résidents et leur famille au quotidien.
Les experts de Matières Grises nous rappellent que la famille est aussi pour l’Ehpad un prescripteur, voire un payeur. L’établissement a donc des comptes à lui rendre. Recueillir son avis et solliciter sa participation aux grandes décisions semblent naturel. Dépossédé du rôle d’aidant au profit des professionnels de l’Ehpad, le proche doit trouver sa place mais surtout l’établissement doit l’aider à la prendre. C’est le rôle du CVS (Conseil de vie sociale) au sein de chaque Ehpad.
La mise en place de tablettes numériques pour recueillir le feedback des familles de manière libre est un outil intéressant dans ce contexte. Il existe sur le marché de nombreuses applications qui ont fait leur preuve pour renforcer le fameux lien social, entre familles, établissement et résidents.
3. Améliorer la prise en charge du résident et soutenir le personnel
Quand on associe amélioration de la prise en charge médicale et transformation digitale, le terme télémédecine est incontournable. La télémédecine est une pratique médicale à distance faisant appel aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. L’objectif du développement de la télémédecine est l’accès aux soins à tous. Les Ephad aujourd’hui se tournent vers la télémédecine pour améliorer le suivi médical du patient.
Le personnel au sein des Ehpad est souvent en sous-effectif. Les conditions de travail sont souvent difficiles et ne permettent pas d’être centrés sur le bien-être du résident. La question des moyens humains et matériels doit être prise en charge par les responsables d’établissement. L’Ehpad de demain ne tolérera plus cet environnement parfois précaire,et avec lui les résidents, les familles et le personnel non plus.
Il existe des solutions e-santé pour améliorer la prise en charge du résident et aider au quotidien le personnel comme la téléconsultation et la télésurveillance. L’intelligence artificielle et les objets connectés (IoT – Internet des Objets) peuvent permettre de prévenir les chutes ou encore de géolocaliser des personnes désorientées. Les dispositifs de suivi de l’état de santé des résidents viennent soutenir la vigilance du personnel mais aussi alerter les professionnels de santé impliqués dans le parcours de soins de la personne âgée. Et cela grâce aux dispositifs de télésuivi médical et de télésurveillance. Grâce aux applications de suivi du parcours patient et aux solutions automatisées de gestion du dosage des traitements, tous les acteurs seront au même niveau d’information au bénéfice de la sécurité du patient.
4. Valoriser l’établissement et ses services
Les établissements tels que nous les connaissons aujourd’hui répondent aux objectifs de 1999 et sont devenus des standards notamment concernant la taille des chambres qui est de 20 m2 en moyenne. La loi Financement de la sécurité sociale pour 2021 a prévu un plan d’investissement global en santé de 6 milliards d’euros en 5 ans dont 2,1 milliards d’euros sont affectés au secteur médico-social :
- 600 millions d’euros pour le numérique
- 1,5 milliard d’euros pour les murs
Avant la création de nouveaux établissements, le temps est à la rénovation en imaginant l’Ehpad 2030 en prenant en compte les différents enjeux que nous venons d’aborder dans cet article. 7500 établissements sont concernés sur le territoire. Le défi est grand. Selon la Drees, 36% des Ehpad n’ont pas connu de rénovation depuis l’entrée en vigueur de la réforme de la tarification en 1999.
L’Ehpad de demain devra s’approcher du domicile et mettre au cœur de l’architecture le bien être du résident. Des solutions numériques pourront être intégrées au sein de ce nouvel établissement comme :
- La domotique,
- Des systèmes innovants de traitement d’air,
- La gestion du chauffage et de la climatisation,
- La traçabilité du matériel,
- Les contrôles d’accès.
Penser l’Ehpad comme un bâtiment intelligent signifie investir dans une infrastructure à haute efficacité énergétique et ainsi agir pour la protection de l’environnement.
L’enjeu de l’Ehpad de demain est donc avant tout humain. Et c’est bien dans ce contexte que les équipes de Synelience Group accompagnent les établissements dans leur digitalisation.