Télémédecine en Ehpad : une pratique d’avenir au potentiel encore inexploité
La télémédecine, une pratique encore mal cernée…
Bénéficier des conseils d’un spécialiste à l’autre bout du pays, consulter un médecin en urgence sans se déplacer, suivre une thérapie de rééducation depuis sa maison… La télémédecine, en phase avec la digitalisation de notre société, apporte avec elle une diversité considérable de nouveaux usages.
Reconnue en premier par la loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires du 10 juillet 2009, la télémédecine se définit selon le type de pratique. La plus connue est la téléconsultation, qui permet à un professionnel médical de s’occuper d’un patient à distance. Viennent ensuite la téléexpertise, qui permet à un médecin de consulter l’avis d’un autre professionnel, la télésurveillance, où le médecin peut suivre en temps réel les données d’un patient, et enfin la téléassistance, qui autorise un médecin à en assister un autre dans la réalisation d’un acte médical.
Pourtant, 10 ans après ses débuts, la télémédecine n’est pas encore parfaitement exploitée. Alors que 70 % des Français pensent que cette pratique est une avancée, l’Observatoire de la Santé 2020 de la Mutualité Française révèle aussi que près d’un français sur deux s’estime mal informé sur le sujet. Si cette pratique n’est donc pas tout à fait méconnue, elle a encore du chemin à faire pour être parfaitement comprise et exploitée.
… en plein essor dans la France confinée
Après une décennie de balbutiements, la télémédecine connaît son apogée en 2020 en plein contexte pandémique de Covid-19. Le nombre de consultations à distance, de 2500 en janvier 2019, est passé à 37 000 en février 2020 pour atteindre 5,5 millions pour les seuls mois de mars et avril suivants.
L’une des raisons expliquant cette explosion est à trouver du côté législatif : en effet, si la pratique est d’abord définie en 2009, elle n’est pas immédiatement prise en charge par l’Assurance Maladie. Décisif pour beaucoup, ce facteur financier va limiter la pertinence de la télémédecine jusqu’à 2018, où la téléconsultation est enfin remboursée – sous condition d’avoir consulté son médecin traitant dans les 12 derniers mois. La téléexpertise, quant à elle, sera remboursée à partir de 2019. Et, depuis le 10 mars 2020, il n’est désormais plus nécessaire d’avoir consulté son médecin au préalable pour en bénéficier.
Le nombre de consultations à distance, de 2500 en janvier 2019, est passé à 37 000 en février 2020 pour atteindre 5,5 millions pour les seuls mois de mars et avril suivants.
La télémédecine, qui va de pair avec la « zoomification » de nos rapports personnels et professionnels, connaît pourtant une progression inégale selon les catégories de population. Les seniors, qui l’utilisent le moins, pourraient en tirer un avantage conséquent ; et les Ehpad, en difficulté face à des besoins grandissants, pourraient y trouver des solutions pour faciliter le travail des aides-soignants. Et le problème promet de se compliquer : selon l’Observatoire de la Mutualité française, les plus de 60 ans qui représentent actuellement 27 % de la population compteront pour 32 % d’ici 30 ans.
Dans cet article, nous mettons en lumière les avantages de la télémédecine, autant pour les résidents en Ehpad que pour les professionnels de la santé qui s’en occupent.
La télémédecine, une aubaine pour les résidents d’Ehpad
Les Ehpad français ont fort à faire. Avec un peu plus de 500 000 résidents pour une moyenne d’âge de 86 ans, les besoins médicaux des seniors concernés sont de plus en plus difficiles à gérer pour les professionnels de la santé. En effet, les soins assurés sur place par les aides-soignants ne sont souvent pas suffisants et doivent être complétés par des consultations externes. Grâce à la télémédecine, le lien entre Ehpad, médecins traitants, spécialistes, services d’urgence et familles peut être renforcé.
Les exemples de pratiques courantes sont nombreux : suivi régulier et efficace basé sur un dossier médical actualisé régulièrement, assistance d’un neurologue en cas d’AVC, suivi de cicatrisation à la suite d’une blessure… Si cela peut d’abord sembler paradoxal, la prise en charge à distance permet un suivi personnalisé et avantageux pour le senior.
D’autre part, la télémédecine assure une meilleure traçabilité. Dans le cas d’un changement de lieu de résidence, la continuité du suivi et la transmission des données se font de manière fluide, et permettent aux patients de rester en contact avec des professionnels qui leur sont familiers. Ce suivi, dans les faits, permet de prévenir les futures hospitalisations, que ce soit en matière de maladie chronique ou d’urgence.
De nombreux avantages pour tous les professionnels en charge des personnes âgées
D’après une enquête PLEIAD réalisée en 2009, le taux annuel d’hospitalisation des résidents en Ehpad est de 40 %, pour une durée d’hospitalisation moyenne de 19 jours. On comprend donc vite l’ampleur des moyens que les professionnels doivent déployer pour assurer l’accès aux soins des résidents, ainsi que l’importance de la télémédecine dans l’optimisation et la facilitation de cette charge de travail.
Le premier avantage posé par la téléconsultation concerne donc la réduction du nombre de trajets effectués et du temps passé hors de la résidence. En 2017, la résidence Donation Brière de Fontenay-en-Parisis avait déjà réduit ses trajets de 20 % à 25 %, profitant de l’accès à la plateforme H2AD pour éviter tout transport inutile et bénéficier de conseils à toute heure de la journée et de la nuit. Ces transports, qui demandent souvent un effort commun de la part des seniors et des aides-soignants, ne sont donc plus systématiques.
La télémédecine est également un outil inespéré pour combattre le déficit géographique en médecins. Toujours selon l’Observatoire de la Santé 2020 de la Mutualité Française, 1 Français sur 10 se trouve actuellement dans un désert médical. L’étude prévoit aussi une réduction de 13 % du nombre de médecins généralistes entre 2010 et 2025. Dans ce contexte, favoriser l’essor des consultations en ligne n’est donc pas qu’un avantage, mais bien une priorité.
Enfin, ces nouvelles pratiques possèdent un effet positif étonnant pour les aides-soignants eux-mêmes. Régulièrement amenés à assister les résidents lors d’une téléconsultation, ces professionnels suivent les seniors d’encore plus près et réalisent les gestes indiqués par le médecin à distance, trouvant là une nouvelle forme de responsabilité dans leur pratique.
La démocratisation du numérique comme réponse aux défis des Ehpad
Pleine de bonnes idées, la télémédecine possède un potentiel extrêmement intéressant, autant pour les professionnels de la santé que pour les patients. Toutefois, malgré un rapide essor en 2020, la pratique connaît en France des disparités d’usage – surtout en Ehpad. Ces structures ne sont pas toutes égales face à un changement rendu difficile non seulement par un manque d’investissement en équipement numérique, mais également par un manque d’appropriation des nouvelles pratiques par le personnel lui-même.
Cette transition est pourtant un passage obligé ; les adultes d’aujourd’hui étant les seniors de demain, les Ehpad n’auront d’autre choix que de s’adapter. Et le nombre de raisons intéressantes pour accélérer cette transition, côté Ehpad, n’arrête pas de grandir. En s’intégrant naturellement aux services proposés par les maisons d’accueil et en simplifiant des gestes quotidiens coûteux, la télémédecine présente un potentiel qui ne demande qu’à être exploité.
Dans ce contexte, la réponse sera-t-elle apportée par les pouvoirs publics ?
Le gouvernement actuel, qui ne cache pas ses ambitions en matière de numérique et de maîtrise des outils digitaux, semble s’être saisi du potentiel de la télémédecine – particulièrement après le début de la crise sanitaire et la mise en place du Ségur de la santé pendant l’été 2020. Cette réunion des acteurs principaux du système de soin, motivée par un besoin d’adaptation rapide aux conséquences de la Covid-19, a permis l’avancement de deux paramètres nécessaires au bon développement de la télémédecine en France.
D’une part, le Ségur de la santé a permis d’acter une revalorisation des professionnels de la santé passant par une augmentation du salaire net du personnel des hôpitaux et des Ehpad publics à hauteur de 183 euros par mois ; d’autre part, il a permis de définir clairement une politique d’investissement consacrée notamment à la modernisation de l’équipement numérique en établissement de santé (à hauteur de 1,4 milliard d’euros sur 3 ans) et l’accélération de la télémédecine (à hauteur de 100 millions d’euros).
Et Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, d’insister sur l’importance d’un tel investissement : “La transformation du système de santé ne pourra avoir lieu sans un développement massif et cohérent du numérique en santé en France, réalisé dans un cadre de valeurs éthiques, citoyen et souverain”.
Qu’il s’agisse de faciliter le parcours patient, de libérer du temps pour le personnel soignant, d’améliorer la meilleure portabilité des données – et donc la prise en charge des patients – mais encore de responsabiliser les professionnels de la santé, la télémédecine possède tous les atouts pour donner un nouveau souffle à des structures dont la place est primordiale au sein de notre société.
Espérons que les différentes parties prenantes sauront s’accorder pour que les nombreux avantages liés à la digitalisation des structures de soin soient très rapidement une réalité pour le plus grand nombre.
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